Les 4 saisons
du millésime 2022
La dégustation de ce millésime 2022 fera appel à vos sens : la vue, l’odorat, le goût… Mais aussi l’ouïe. Le millésime 2022 se découvre en musique.
Arvo Pärt - Spiegel im Spiegel
Nicolas Glumineau
présente le millésime 2022 à Pichon Comtesse.
Acte 1
Un printemps
à tempérer
2022 s’amorce par un mois de janvier frais, puis un février doux. À l’exception du dernier mois de l’année 2021, les cumuls pluviométriques de l’hiver sont inférieurs aux moyennes décennales. Mars est aussi doux et sec. Le thermomètre connaît un premier emballement,
à la fin du mois.
Au 1er avril, le gel surgit et s’installe pour 5 jours. Il fera une nouvelle apparition furtive, le 10. À la tombée des jours et pour 4 nuits consécutives, les bougies s’allument dans la vigne. La température au sol remonte à
-2,5°C. Suffisant pour éviter que les bourgeons ne soient saisis par le froid.
Le débourrement est précoce, dès le 7 avril et jusqu’au 15. C’est tout de même une semaine plus tard qu’en 2021. La vigne peut maintenant flâner jusqu’aux derniers jours d’un très joli mois de mai qui annonce une floraison dans d’excellentes conditions.




Acte 2
Un été
à puiser
La température grimpe début juin. L’orage gronde… jusqu’à abattre de violentes grêles sur les vignobles du Médoc, le 20 juin. À l’aube du premier jour de l’été, on déplore des pertes sévères dans les rangs à Saint-Julien et au nord de Pauillac. Le vignoble de Pichon Comtesse est miraculeusement épargné. À Saint-Estèphe, le petit frère Pez a eu moins de chance. Le gradiant des pertes croît à mesure qu’on avance vers le nord de l’appellation, jusqu’à 80% dans certaines parcelles.
Bien qu’épargné par la grêle, Pichon compte au 30 juin le double de la pluviométrie normale mensuelle, soit 120 millimètres. L’ombre du Mildiou plane sur la vigne et menace…
Pourtant, début juillet, une longue sécheresse s’installe. 4 petits millimètres de précipitations en juillet, puis 25 en août, concentrés sur les orages des 13e et 14e jours. Anecdotique ? Pas pour le Cabernet-Sauvignon, qui trouve ici à puiser la mince ressource pour parfaire sa photosynthèse et sa maturation sereine jusqu’à sa plénitude, dans une sécheresse persistante qui s’accompagne bientôt d’épisodes caniculaires. Dans ces conditions, la véraison s’étire du 30 juillet au 9 août. Précoce. Et proche du millésime 2020.
Acte 3
Un automne
à savourer
Alors que juillet laissait présager une hétérogénéité des stades phénologiques parmi les cépages, l’harmonie règne à la fin de l’été. Les vendanges sont resserrées sur 3 semaines, tout pile, dès le 6 septembre. Les millésimes de vendanges aussi précoces résonnent : 2011, 2003, 1989. Et les conditions sanitaires sont remarquables. Les précipitations ont décalé leur rentrée au 26, avant-dernier jour de la récolte.
Les raisins sont là. Et l’enthousiasme les suit de près !
Les Merlots dévoilent une fraîcheur, une suavité et une onctuosité inédites ! Les plus grands de l’Histoire de la Comtesse ? Les notes de Spiegel im Spiegel d’Arvo Pärt commencent à monter dans le chai, comme les fragrances florales et fruitées envoûtantes et aériennes… Le Cabernet-Sauvignon est allé au bout de sa maturité phénolique. Il exprime déjà une trame tannique précise, indubitable. Tout l’art de l’extraction permettra de confirmer son caractère élégant et racé. Le Cabernet franc est aérien, frais, floral. Quant au Petit Verdot, dont les conditions climatiques ont exacerbé le tempérament sauvage et très épicé, il ne dérogera pas à interroger : comment l’utiliser avec parcimonie et pertinence dans l’assemblage ?








Acte 4
Un hiver
à écouter
À l’heure des sélections puis de l’assemblage, les cépages livrent leurs messages.
Les Merlots sont suaves et savoureux. Un caractère enlevé qui donne vie à la dégustation. Ils développent des arômes de fruits bleus, fruits noirs, et les amers très nobles du zest d’orange sanguine. Leur expression florale – notes d’iris, de violette, un peu racinaires – rappelle 2020. Sans exubérance, tout en fraîcheur.
Le Cabernet franc vient compléter cette sphère aromatique. Sa trame tannique très affirmée tire un trait d’union parfait avec le cépage roi du Médoc.
Ce Cabernet-Sauvignon, avec un tel niveau de minéralité, de précision, de méticulosité dans ce que le tanin peut avoir de granuleux subtil et ciselé, confère à l’assemblage la noblesse, la race et la puissance toute en retenue des plus grands millésimes. Une puissance tannique qui étire le vin, allonge la dégustation, prolonge son corps et sa structure à l’infini. Celle des grands Médocs qui savent vieillir.
Quant au Petit Verdot, il rejoint l’assemblage de la Réserve, à qui il confère la puissance et la complexité aromatique qui fait de ce deuxième vin, un nectar qui existe par lui-même et assume son caractère unique. Une porte d’entrée dans l’univers Pichon Comtesse, qui augure l’évolution potentielle de la dégustation du Grand Vin.
Que nous raconte ce millésime 2022 – deuxième opus en conversion officielle à l’agriculture biologique – dans l’intimité du chai ?
Dans une perspective plus large, et dans le contexte du changement climatique, il nous parle de la typicité des vins de Bordeaux. On les annonçait tendre vers des vins plus méridionaux, avec des structures aromatiques presque cuites aux notes de pruneaux, de garrigue ou d’herbes de Provence ? 2022 apporte la démonstration inverse. Cette confirmation du classicisme des cépages de Bordeaux surprend et interroge autant qu’elle réjouit.
Et puis il nous parle de la Comtesse, dans une expression très identitaire. Ce charme, cette élégance. Couplée à cette grande ambition contemporaine d’assumer plus encore son terroir très Pauillacais voué au Cabernet. Ici, tout n’est que suavité, gourmandise, race et noblesse.


Partez à la découverte des millésimes
de Pichon Comtesse, en musique…
Comme un film a sa bande originale, dans cette playlist, chaque millésime a son air. Une chanson comme interprète de nos souvenirs et de nos ressentis cette année-là. En alliant la dégustation à la musique, les chansons vous livreront une part de notre histoire.
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